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Bienvenue sur le Blog de Force Ouvrière Pôle Emploi des Pays de la Loire. Date de dernière mise à jour : 8 Septembre 2017.

mardi 24 mai 2011

Quel avenir pour les psychologues du travail de Pôle emploi ?

Un an après le transfert des psychologues du travail de l’afpa vers pôle Emploi, l’avenir de ces salariés reste incertain.

Le transfert est le résultat des exigences de l’Union Européenne et des politiques de destruction des services publics.
Financé par des fonds d’état, L’AFPA est le premier organisme de formation professionnelle pour les demandeurs d’emploi et les actifs, et, de fait, le service public de la formation professionnelle.
Prétextant un recours de la FFP (Fédération de la Formation Professionnelle, qui regroupe les organismes privés), le Conseil de la concurrence a conclu que la situation de l’AFPA contrevenait au principe de l’Union Européenne de « concurrence libre et non faussée ». Dorénavant, les budgets de formation professionnelle ne sont plus attribués par l’Etat à l’AFPA, mais doivent faire l’objet de réponses à appels d’offres dans le cadre des budgets régionaux.
La loi n° 2009-1437 du 24 novembre de 2009 relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie a parachevé le processus. Les personnels qui réalisent, en amont, les diagnostics initiaux et proposent un parcours de formation, activités qui selon ce même Conseil de la concurrence, relèvent du service public de l’emploi, ont été détachés des AFPA le 1er avril 2010 pour être rattachés à Pôle Emploi.

Trois mois après le transfert, Force ouvrière a signé un accord relatif à l’intégration dans la convention collective nationale de pôle emploi des agents transférés de l’afpa. Cet accord qui a permis le relèvement de traitement annuel des agents concernés, et même s’il ne reprend pas l’ensemble des revendications du syndicat, reconnaît le métier de psychologue du travail, son statut, ses conditions spécifiques d’exercice.

Sur le terrain, les constats sont plus mitigés. Un point de situation concernant les  salariés transférés a été organisé, en janvier 2011, à l’initiative des syndicats de l’afpa. Il en ressort que si, globalement, l’accueil des « transférés » a été satisfaisant, les conditions de travail ne sont pas réunies partout pour exercer dans de bonnes conditions. La question des bureaux fermés, garantissant la confidentialité, est un point d’achoppement dans beaucoup de sites. Récemment, le Directeur de l’orientation et de la formation de PE, déclarait dans une dépêche AEF (15/04/11) que  « PE s’engage à garantir la confidentialité. Cette garantie est respectée, mais effectivement, elle ne passe pas forcément par des bureaux individuels et personnels fermés ». Ceux qui fréquentent PE, qu’ils soient salariés de la structure ou demandeurs d’emploi, savent bien que hors d’un bureau fermé, les échanges confidentiels sont impossibles et que ces situations sont  génératrices d’agressivité (paradoxe : la direction explique que c’est pour lutter contre les conséquences de l’agressivité de certains demandeurs d’emploi, que PE instaurent les bureaux ouverts !…).

Le transfert a également fortement impacté le service rendu aux bénéficiaires, que PE appelle des « clients », pour que nous sachions que nous sommes dans un service marchand, sans doute éloigné des valeurs d’un service public. Ici, constatons que le paradoxe est à son comble. Alors que, nous l’avons vu plus haut, les agents et psychologues de l’Afpa ont été transférés justement parce qu’ils mettent en œuvre une activité relevant du service public (dixit le conseil de la concurrence), c’est à PE qu’on veut nous faire appeler nos bénéficiaires des « clients » !? Comprenne qui pourra !

Aujourd’hui, les psychologues sont mono-taches. Leur activité se centre sur la construction des parcours de formation des demandeurs d’emploi. Si cette activité a toute son importance dans l’aide au retour à l’emploi (malgré les difficultés rencontrées pour finaliser les parcours tant la question des financements est devenue cruciale), il n’en demeure pas moins que, à ce jour, les autres champs d’expertise des psychologues ne sont pas ou peu explorés : appui à l’orientation pour l’émergence de projets, bilans de compétences, aide au reclassement des salariés, diagnostic/conseil auprès des entreprises, recherche et développement…

Rassurons-nous, depuis quelques semaines des écrits surgissent concernant « Pôle Emploi, acteur de référence sur le champ de l’orientation professionnelle ». Des projets, en cours d’expérimentation pour certains, sont prévus pour une mise en œuvre en 2012.  Mais une lecture attentive nous indique que tous (sauf la construction du parcours de formation) pourraient être sous-traités…

Cela est à mettre en lien avec un point chaud d’actualité : la négociation de la classification à PE. Ce point, laissé vacant lors de la négociation de la CCN en 2009 avec maintien de l’application de la CCN ex-RAC dans l’attente, est à l’ordre du jour depuis quelques semaines. Dans un document de travail, PE fait disparaître les psychologues du travail et les métiers de l’assistance technique à l’orientation. A la place, on trouve un « chargé d’orientation et de formation spécialisée » qui, pour partie de son travail fera du « conseil clientèle » (accueil physique et téléphonique, animation de salle, traitement des inscriptions…).

A aucun endroit, dans ce document, il est fait état qu’un emploi s’apprécie aussi par le contenu de la formation nécessaire pour l’exercer, par le diplôme ou la qualification requise. Si le psychologue ne s’appelle plus psychologue, s’il n’y a plus de référence à un niveau de qualification, demain PE recrutera des salariés diplômés en psychologie, sans reconnaissance de leur diplôme, de leur statut,  pour un salaire bradé, et des actes professionnels en deçà de leur niveau de compétences. C’est d’une vraie déqualification dont il pourrait bien s’agir.

A PE, la politique actuelle est à la polyvalence : il faut pouvoir justifier la fusion ANPE/Assedic. Tout le monde doit savoir tout faire. Mais à quel prix et pour quelles missions ? Dans ce contexte, l’expertise des psychologues est gommée, leur identité professionnelle méprisée, oubliée au profit d’une polyvalence qui n’améliorera pas le service rendu aux bénéficiaires, bien au contraire.

Déjà, dans certaines agences, les psychologues sont amenés à faire de l’accueil. C’est payer bien cher un « conseiller clientèle » ! Mais c’est une bonne stratégie pour dégrader, effacer un métier. Le conseil en orientation professionnel expérimenté en Pays de Loire participe aussi de cet effacement des identités professionnelles : de l’extérieur, on ne distingue plus le travail du psychologue de celui de conseiller.

Dans les négociations sur la classification, nous revendiquons que la direction générale reconnaisse la place essentielle des psychologues du travail dans ses missions de service public, qu’elle reconnaisse leur niveau d’expertise et qu’elle s’engage, par la reconnaissance de ce métier, à le faire vivre au sein de pôle Emploi.


Pour Force Ouvrière
Catherine LORRE
Le 9 mai 2011


* Ce qui sous-entend que celle-ci sera à terme privatisée n’ayons pas peur de dire que c’est là la volonté de la puissance publique

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